Saurions-nous reconnaitre en ces paroles d’espérance l’expression de l’autorité divine ?
Dans notre marche vers la nativité du seigneur, l’Eglise nous propose comme textes de méditation le passage du livre des Nombres sur l’oracle de Balaam, fils de Béor, et l’évangile de Matthieu 21, 23-27. Dans les deux textes, il est avant tout question d’autorité ou tout au moins d’autorisation : c’est sous l’autorité de l’esprit de Dieu que Balaam prend la parole ; à Jésus, par contre, on demande plutôt de justifier cette autorisation dont son enseignement est imbibé.
A la suite de Bernard Sesboüé, on peut qualifier cette attitude « déconcertante » de Jésus de « prétention d’autorité » ; prétention pas dans le sens de prétentieux, mais comme « une transparence dans la conviction de ce qu’il dit et de ce qu’il est » (Bernard Sesboüé, Pédagogie du Christ, p.28). Qu’on se souvienne de cette autre prétention où Jésus se considère en Mt 5, 17 comme étant à même d’accomplir la loi et donc de la rendre plus parfaite. Cela peut se vérifier à travers les tournures du genre, « il a été dit aux anciens […] et moi je vous dis… ». Il n’est donc pas superflu de dire que Jésus aurait employé une tournure similaire dans le temple lorsque les grands prêtres et les anciens vinrent le retrouver. D’ailleurs, l’utilisation du terme « autorité » par Mattieu au verset 23b, suggère cette interprétation. Et cette manière tintée d’une « prétention d’autorité » par laquelle Jésus s’adresse aux gens, pose problème, au point où les anciens (les garants de la tradition et de l’ordre) en sont venus à lui poser cette question : « en vertu de quelle autorité fais-tu cela ? ».
Pour donner un enseignement comme Jésus le fait, il fallait plus qu’une bonne volonté de juif soucieux de « faire connaitre la sagesse, de donner l’éducation et l’intelligence des sentences […] de donner aux naïfs la prudence » (Pr 1, 2-3). Au nombre des facteurs visant à justifier l’exercice d’une autorité nous avons la détention d’une certaine légitimité, qui, dans ce contexte est donné par Dieu (chose que les anciens ne voient pas en ce nazaréen) et de la reconnaissance par les anciens, entre autres. Connaissant leur intention, Jésus va exiger un préalable que la réponse à cette question devrait garantir : « le baptême de Jean, d’où venait-il ? Du ciel ou des hommes ? » Si Jésus fait recours à Jean Baptisme, que l’évangéliste Jean considère comme le témoin par excellence de la présence de Dieu parmi les hommes, c’est signe que ce dernier a effectivement accompli sa mission de prophète à tel point que le peuple a de l’estime pour lui. Pour rappel, en Jean 1,19-28, les lévites sont venus interroger le Baptiste. La démarche des anciens de Mt 21,23 est similaire ; mais comme le dit si bien l’évangéliste Jean : « il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu. »
Comment le texte de ce jour peut-il nous aider à mieux vivre ce temps de l’avent ? Il est normal qu’en lisant ce passage, nous soyons déçus par l’enferment des anciens. Mais la bonne nouvelle de Jésus l’avons-nous vraiment accueillie dans toute sa « prétention d’autorité ? Certains de nos comportements ne traduisent-ils pas cette attitude des anciens qui interrogent non dans l’intention de se convertir mais pour mieux se renfermer sur leurs croyances dénuées d’espérance et concession ? Les habitudes ont la peau dure, dit-on ! Mais, serons-nous assez réceptifs à cette voie qui crie à travers le désert réclamant notre conversion ?
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