Malgré leur droit à une éducation de qualité, les enfants réfugiées à besoins spécifiques facent des barrières pour aller à l’école : des barrières humaines et économiques.
En 2020, le Burundi accueillait plus 77,000 réfugiés principalement des Congolais ayant fui les multiples crises affectant l’Est de la République Démocratique du Congo, dont plus de 40% sont installés en zone urbaine, principalement à Bujumbura.
Compte tenu de la vulnérabilité extra des familles déplacés de force, le Service Jésuite aux Réfugiés (JRS) soutient la scolarisation d’élèves handicapés au sein d’institutions scolaires spécialisées existantes dans la capitale du pays, notamment le Centre Akamuri (pour enfants avec déficit intellectuel), l’Institut Saint Kizito (handicap moteur) et l’École Ephphatha (surdité). En 2021, JRS accompagnera 200 élèves à Bujumbura: 16 élèves réfugiés à besoins spécifiques par le paiement des frais de scolarité ou appui en matériel adapté ; 75 élèves réfugiés non accompagnés en frais de scolarité et fourniture d’uniforme ; et 109 élèves de la communauté hôte à risque d’abandon scolaire. Le projet a reçu la Mention Spéciale du Prix des Droits de l’Homme 2020 de part de la Commission Consultative des Droits de l’Homme de la République Française. Élèves, mères et personnel éducatif partagent leurs témoignages à propos du soutien de JRS et de son impact sur leur vie.
Ibrahim : 10 ans, de parents réfugiés congolais et élève avec un handicap physique à l’école Technique Bukirasazi.
« Je suis content d’être à l’école comme les autres enfants même si je ne suis pas comme eux physiquement. L’éducation est importante car on apprend beaucoup de choses comme lire, écrire, compter, chanter et à jouer. Quand je terminerai mes études, je serai docteur pour soigner les gens et surtout les personnes en situation d’handicap. Quand j’ai commencé l’école, ça a été une surprise pour moi car les enfants handicapés ne sont pas considérés comme les enfants normaux même en droit. Je n’ai pas beaucoup de force pour se déplacer sur une longue distance et les école ne sont pas prochain de la maison. C’est quand JRS a commencé à visiter notre famille qu’on m’a envoyé à l’école car JRS a accepté de supporter mes études dans une école privée qui est prochain de chez moi en ce qui est des frais et matériel scolaires. A l’école, j’aime jouer avec les camarades et j’aimes chanter. »
Lydie : Une maman de 3 enfants sourds-muets, et un mal-voyant, scolarisés à l’école Ephphatha.
« J’ai eu un accident de roulage et j’ai été amputé de jambe. Entretemps, mon mari, ne pouvant pas supporter ces trois enfants mais aussi mon handicap, nous a abandonné. Le propriétaire de la maison où j’habitais m’a emprisonné ici dans cette chambrette car je ne peux pas trouver des frais pour payer la maison. Il dit qu’il attend les frais d’assurance pour cet accident afin que je lui paye son loyer. Quand j’ai vu pour la première fois une organisation JRS qui est venu me voir à la maison, j’ai été contente puisque c’est juste la première organisation qui a eu le courage de venir m’assister. Je suis consciente que les enfants handicapés ont droit à l’éducation comme les autres, mais j’avais déjà décidé de les laisser à la maison suite au coût exorbitant des frais et matériels scolaires entant qui ne peuvent pas étudient sur n’importe quelle école. C’est ainsi que JRS a accepté de payer tous les frais à tous ces enfants et que la direction de l’Ephphatha a accepté de les accueillir à l’internat. Maintenant je suis à l’aise car les enfants sont logés à l’internat et ils sont pris en charge cent pour cent. Ils savent écrire et ils deviendront des personnes importantes dans l’avenir. Je suis vraiment de voir mes enfants suivre les études. »
Julie : Réfugiée congolaise, mère de cinq enfants, dont deux filles avec un handicap mental étudiant au centre Akamuri.
« Je suis arrivée au Burundi en 2013 et quand je suis arrivée j’étais enceinte et j’avais beaucoup de difficulté avec beaucoup de désespoir. JRS directement m’a soutenu dans la recherche d’un centre éducatif spécialisé au handicap de mes filles et c’est ainsi que mes enfants ont été inscrites au centre Akamuri. J’y ai rencontré d’autres parents réfugiés dont les enfants bénéficiaient de l’appui de JRS. Ça fait 5 ans que cette organisation nous aide. Une autre chose que je souligne, c’est que JRS et le Centre Akamuri nous aident psychologiquement à accueillir ce fardeau avec amour et à nous encourage en tant que parents d’enfants handicapés. Mes deux filles sont des adolescentes maintenant qui sont scolarisées malgré leur handicap. Si elles étaient non scolarisées, elles seraient probablement exposées aux viols et autres types de harcèlements physiques ou sexuels indépendamment de leur condition. Les enfants handicapés sont des enfants comme les autres et qu’ils ont droit à l’éducation, à la vie et à la santé comme les autres enfants. »
Noël Ntungwanayo : Le Directeur de l’internat à l’école Ephphatha.
« Ici nous avons plus de 120 élèves sourds muets internes et d’autres externes. La plupart d’entre eux sont issu des familles vulnérables. Certains ne parviennent pas à payer les frais scolaires. Je remercie votre initiative d’appuyer en minerval et autres matériels à ces élèves réfugiés et ces autres burundais vulnérables. Je lance un appel vibrant aux autres bienfaiteurs de vous emboîter le pas afin de venir en aide à ces enfants. Cette éducation est importante car les enfants sourds -muets ont des droits comme les autres enfants, et à la fin leurs études ils deviennent des personnes importantes. Ils peuvent occuper certains postes au niveau du gouvernement ou ils peuvent autre chose dans la vie. Autre chose importante pour ces enfants est que quand ils comment l’école, ils commencent à connaitre ce qui se passer car c’est le début de leur communication. Les conséquences des guerres répétitives que le pays a traversé ont perturbé le travail du centre; il est à comprendre la disparition ou séparation des membres de familles de ces enfants et autres problèmes qui les laissent sans défense ! Les principales difficultés sont la carence des écoles adaptées ; les petites salles et une grande population en classe alors que ça ne devrait pas aller au-delà de 10 élèves par classe »
Jesuit Refugee Service │ West Africa & Great Lakes
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