Interview Du 28 au 30 avril aura lieu à l’Institut théologique de la compagnie de Jésus à Abidjan (Côte d’Ivoire), une conférence internationale sur le thème : Communautés nouvelles comme lieu théologique.

À la veille de cette rencontre, le père Jean Messingué, président du comité scientifique de cette conférence, explique ses enjeux.

La Croix Africa : En quoi les communautés nouvelles peuvent-elles être un lieu théologique ?

Père Jean Messingué : Les communautés nouvelles sont le creuset d’une impressionnante religiosité chrétienne et théologie populaire au sein de l’Église catholique en Afrique. Cela se ressent peut-être plus en Côte d’Ivoire, mais nous constatons que c’est un mouvement qui s’étend progressivement dans tous les pays, prenant l’allure d’une nouvelle évangélisation avec un langage et ayant les laïcs comme acteurs principaux. Une telle réalité ne peut que susciter la curiosité théologique.

Les communautés nouvelles sont devenues un lieu théologique en ceci qu’en leur sein se pratique une herméneutique théologique africaine et qu’à partir de ces communautés nouvelles, des réflexions théologiques et spirituelles utiles pour les communautés et l’Église peuvent être développées.

Vous organisez à Abidjan une Conférence internationale sur les communautés nouvelles, quelles sont les raisons de cette activité et ses objectifs ?

Les communautés nouvelles sont très vivantes en Côte d’Ivoire. Elles marquent fortement la vie de l’Église et attirent massivement les fidèles. Elles ne sont plus seulement sur les paroisses et leurs lieux de prière, elles sont massivement présentes sur les réseaux sociaux qui sont devenus les lieux de prières et d’évangélisation. Malgré cela, très peu de recherches sont faites pour comprendre, les comprendre et évaluer de façon objective leurs pratiques.

Cette conférence internationale vise donc à rendre compte de leurs contributions dans une Église-famille, missionnaire et synodale ; mieux comprendre leur langage et leurs pratiques ; relever les raisons pour lesquelles certains les perçoivent comme une menace pour l’identité de l’Église et envisager des pistes de solution ; développer un savoir théologique utile pour leur croissance et pour le Corps de l’Église dont elles sont membres.

Paradoxalement en Côte d’Ivoire, l’un des principaux griefs contre les communautés nouvelles c’est le non-respect de la théologie et la doctrine catholiques. « On ne mange pas la théologie » se défendent certains responsables face à cette critique…

Je n’ai pas encore lu une étude théologique qui défend cette affirmation. J’ai entendu des critiques, mais pas une affirmation aussi radicale et généralisante. Si un berger répond qu’on ne mange pas la théologie, je chercherais d’abord à comprendre le contexte de cette affirmation et ce qu’il veut dire par manger la théologie. Manger la théologie peut renvoyer à l’intérêt que les bergers des communautés nouvelles accordent aux préoccupations existentielles des fidèles dans leurs enseignements, en opposition aux prédications des prêtres qui sont souvent critiquées d’être hautement théologiques mais déconnectées de la réalité de la vie des gens.

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